BLOY (Léon)

Lot 93
Aller au lot
Estimation :
500 - 600 EUR
Résultats sans frais
Résultat : 500EUR
BLOY (Léon)
Lettre autographe signée [à Andrée Fort]. Paris, 20 juillet 1907. 2 pp. in-12, petite fente restaurée à une pliure. BLOY, « VIVANT PARMI LES MORTS », adresse cette belle lettre à la soeur de Paul Fort, Andrée, compagne et future femme du peintre Émile Bernard, qu'il a entendue peu auparavant interpréter du Wagner. « Je reçois de votre mari & de Tonnerre [où Émile Bernard avait acquis une maison et installé son ménage], une lettre où il me nomme "le grand Léon Bloy", affirmant que "Michel-Ange met ses muscles à mes phrases". Il dit aussi avoir eu, au moment de votre départ, "la révélation de ma prodigieuse sensibilité". Ce dernier mot me décide. C'est à vous que je veux écrire. IL EST SÛR QUE CERTAINES CHOSES DE VOUS M'ONT IMPRESSIONNÉ, NON PARCE QUE JE SUIS "GRAND" MAIS PARCE QUE JE SUIS VIVANT, & je désire que vous le sachiez. Être vivant par mi les morts, inter mortuos liber, comme dit le Saint Livre en un psaume qui fut inspiré pour moi, il y a trois mille ans ! VOUS POUVEZ COMPENDRE CELA, VOUS, MADAME, QUI AVEZ LE SENS DES MÉLANCOLIES PROFONDES & DE L'IRONIE GRANDIOSE ; vous qui paraissez avoir deviné ce que souffrent les aveugles quand on leur crève le coeur & ce que peuvent souffrir les morts condamnés à se regarder éternellement. NE VOUS EMBALLEZ PAS SUR MOI, CHÈRE MADAME. JE SUIS UNE PIEUSE & VIEILLE BÊTE, INCAPABLE DE COMPRENDRE CE QUI N'EST PAS PRIÈRE & L'AMOUR DE DIEU. J'ai cru vous entrevoir, cependant, malgré l'offusquant Wagner qui est un bonhomme fort étranger à ces deux choses, & si j'ai pu paraître sensible, c'est simplement parce que je discernais une âme douloureuse & que je ne peux pas résister à ça. Me suis-je trompé ? Ce serait malheureux, puisqu'il n'y a rien d'aussi beau. VOICI UNE PETITE HISTOIRE que j'ai dû raconter je ne sais où [à la date du 23 août 1896 dans Mon Journal, paru en 1904]. Un jour on périssait de misère chez moi, une fois de plus. Arrive une lettre recommandée & lourde. Ivre de joie, je donne au facteur nos derniers sous. C'
Mes ordres d'achat
Informations sur la vente
Conditions de vente
Retourner au catalogue