OEUVRES INÉDITES SUR LE MARCHÉ DE L’ART

Le 20 juin prochain Beaussant Lefèvre vendra aux enchères à Drouot plusieurs oeuvres inédites sur le marché de l’art. Provenant directement des familles des artistes ou acquises auprès d’eux, ces oeuvres ont été conservées jusqu’à nos jours sans jamais être mises en vente. 

Une occasion unique pour les collectionneurs d’acquérir des oeuvres d’une fraicheur remarquable. 

Deux huiles sur toile de Berthe Morisot Jeune fille endormie et Le Petit Saint-Jean provenant de la collection de Julie Manet et de son époux Ernest Rouart ; un Éléphant de l’Inde au repos de Rembrandt Bugatti ayant été acquis en 1911 par le comte Gérard de Ganay et conservé par sa descendance ; un précieux ensemble de pièces d’Emile Gallé provenant de sa collection personnelle et demeuré dans sa descendance.



DEUX TABLEAUX DE BERTHE MORISOT PROVENANT DE LA COLLECTION DE JULIE MANET 
Berthe Morisot est un des membres fondateurs du mouvement d’avant-garde que fut l’impressionnisme. Parmi les 29 artistes qui exposèrent en 1874 lors de la Première exposition des peintres impressionnistes qui eut lieu dans les Salons Nadar, 35 boulevard des Capucines, Berthe Morisot fut la seule femme. Elle participa ainsi à 7 des 8 expositions des impressionnistes à Paris. 
Les deux oeuvres que nous présentons datent des années 1890, dernière période de création de l’artiste. 
Le Petit Saint Jean fut réalisé dans le grenier-atelier de la maison Blotière à Mézy où elle s’était installée avec sa famille et avait pris pour modèles les enfants du village vers 1890. La jeune fille endormie fut, quant à elle, peinte dans la demeure de Berthe Morisot et Eugène Manet, son époux, rue de Villejust à Paris en 1892, année du décès de ce dernier et représente son modèle Jeanne Fourmanoir. 
Ces deux oeuvres furent léguées à sa fille unique Julie Manet qui épousa en 1900 Ernest Rouart. 

Berthe MORISOT (1841 – 1895) 
Jeune fille endormie, 1892
Huile sur toile
Dim. : 38 x 46 cm
Estimation : 280 000 / 320 000 € 
Provenance : Monsieur et Madame Ernest Rouart ; Docteur et Madame Julien Rouart 
Expositions :
- 1896, Paris, Galerie Durand-Ruel, « Madame Eugène Manet, Exposition de son oeuvre», n°47 de l’exposition
- 1902, Paris, Galerie Durand-Ruel, «Berthe Morisot», n°34 de l’exposition
- 1905, Paris, Galerie E. Druet, «Berthe Morisot», n°11 de l’exposition
- 1907, Paris, Société du Salon d’Automne, Grand Palais des Champs Élysées, , n°60 de l’exposition
- 1919, Paris, Galerie Bernheim jeune, «Cent oeuvres de Berthe Morisot (1841 – 1895)», n°43 de l’exposition
- 1929, Paris, Galerie Bernheim jeune, « Exposition d’OEuvres de Berthe Morisot», n°32 de l’exposition
- 1941, Paris, Musée de l’Orangerie, «Berthe Morisot», n°101 de l’exposition
- 1949, Copenhague, Ny Carlsberg Glyptotek, «Berthe Morisot, Malerier, Akvareller og Tegningen», n°44 de l’exposition
- 1950, Londres, The Art Council of Great Britain, «Berthe Morisot, an Exhibition of Paintings and Drawings», n°49 de l’exposition
- 1957, Dieppe, Musée de Dieppe, «Exposition Berthe Morisot», n°53 de l’exposition
- 1960, New-York, Wildenstein, «Loan Exhibition of Paintings, Berthe Morisot», n°59 du catalogue
- 1961, Londres, Wildenstein and Co. Ltd, «Loan Exhibition of Paintings, Berthe Morisot», n°41 page 47
- 1961, Paris, Musée Jacquemart-André, «Berthe Morisot», n°84 de l’exposition
- 1961, Vevey, Musée Jenisch, «Berthe Morisot» n°70 de l’exposition

Berthe MORISOT (1841 – 1895) 
Le petit Saint Jean, 1890 
Huile sur toile, signée en bas à gauche 
Dim. : 55 x 43 cm 
Estimation : 150 000 / 200 000 € 
Provenance : Monsieur et Madame Ernest Rouart ; Docteur et Madame Julien Rouart 
Expositions : 
- 1896, Paris, Galerie Durand-Ruel, « Madame Eugène Manet, Exposition de son oeuvre», n°35 de l’exposition
- 1907, Paris, Société du Salon d’Automne, Grand Palais des Champs Élysées, n°18 de l’exposition
- 1919, Paris, Galerie Bernheim jeune, «Cent oeuvres de Berthe Morisot (1841 – 1895)», n°33 de l’exposition
- 1924, Pittsburg, Carnegie Institute, «Exhibition of Paintings, Édouard Manet, Pierre Renoir, Berthe Morisot», n°24 de l’exposition 
- 1941, Paris, Musée de l’Orangerie, «Berthe Morisot», n°82 de l’exposition
Le catalogue raisonné mentionne à propos de cette toile : Cette oeuvre fut exécutée dans le grenier-atelier de la maison Blotière à Mézy, d’après un petit garçon du village prénommé Gaston. Dans un premier temps, l’artiste l’avait représenté au sein d’une composition plus large (en Saint Jean Baptiste en pied avec sa croix)…

PREMIER EXEMPLAIRE DE L’ÉLÉPHANT DE L’INDE AU REPOS  DE REMBRANDT BUGATTI 
En 1909, année de création de l’Éléphant de l’Inde au repos, Rembrandt Bugatti est âgé de 25 ans, et sculpte depuis 10 ans déjà.
Il modèle avec de la plastiline des animaux, son sujet de prédilection. Entre 1903 et 1908, ses parents vivent à Paris, ce qui lui permet de passer beaucoup de temps à la Ménagerie du Jardin des Plantes et au marché aux chevaux, situé dans le même quartier. A cette période, il se rend également régulièrement au Jardin Zoologique d’Anvers, en Belgique, et voyage en Allemagne. 
Alors qu’il s’est d’abord consacré aux animaux domestiques ou de la ferme, Bugatti se passionne à présent pour les espèces sauvages : iI observe longuement ses modèles dans les différents zoos qu’il fréquente, et sa méthode de travail de modelage à main libre, sans instruments, sans esquisse préparatoire, l’aide à capter les attitudes de ses modèles avec justesse et spontanéité. Comme le note Véronique Fromanger, « Bugatti possède une vision synthétique des volumes qui lui permet, tout en schématisant chaque animal en masses géométriques, de donner la sensation de la peau, du plumage ou du pelage ». 
L’exemplaire de l’Éléphant de l’Inde au repos que nous présentons est le premier des onze qui furent fondus par Adrien Aurélien Hébrard avec qui l’artiste avait un contrat d’exclusivité et plus particulièrement son chef d’atelier Albino Palazzolo qui sera son mouleur-fondeur exclusif. 
D’après les «Cahier Hébrard», il fut acquis dès 1911 par le comte Gérard de Ganay et fut conservé dans sa famille jusqu’à aujourd’hui.


Rembrandt BUGATTI (1884 – 1916) 
Éléphant de l’Inde au repos, vers 1909 - 1910 
Épreuve en bronze patiné, signée, numérotée 1 
Hauteur : 45,5 cm 
D’après le Cahier Hébrard, l’édition originale connue de ce modèle a été tiré par la fonderie A.A Hébrard à onze exemplaires. 
Estimation : 300 000 / 400 000 € 
Provenance : acquis en 1911 par le comte Gérard de Ganay (1869 – 1925) ; par descendance, famille de Ganay. 
Expositions : 
- 1910, Anvers, Société Royale de Zoologie, le modèle en plâtre 
- 1911, Paris, galerie Adrien Hébrard, «Rembrandt Bugatti, Rétrospective», un exemplaire similaire 
- 1929, Londres, Abdy & Co Galleries, «Animal sculpture by R. Bugatti», un exemplaire similaire 
- 1979, New York, Macklowe Gallery, «Rembrandt Bugatti, 1884 – 1916», collections Mr. & Mrs. Joseph Tanenbaum, Michel Kellerman et Cécile Singer, un exemplaire similaire 
- 1986, Paris, Galerie Pierre Dumonteil, «Carlo et Rembrandt Bugatti», l’exemplaire n°5 est reproduit sur le carton d’invitation 
- 1988, Sculptures du vingtième siècle : de Rodin aux années soixante, Galerie JGM, Paris, un exemplaire similaire 
Le répertoire monographique de Véronique Fromanger (opus cité supra) indique page 166 : 
Entre 1909 et 1910 Bugatti va modeler « L’Éléphant de l’Inde » ou « Éléphant jouant » et « Éléphant au repos » (RM253, notre modèle). Ces éléphants d’Asie seront fondus en bronze par Hébrard dans leur dimension d’origine sans en faire de réduction. Monsieur Tiffany, de New York, achètera les tirages (3) et (4) de chacun des deux éléphants, … Quant à « l’Éléphant au repos », il devait être reproduit en bronze en pièce unique, mais Hébrard décidera par la suite d’en faire une édition à plusieurs exemplaires. 
Page 349, le N° 253 donne comme indication de tirage : 
Anciennes collections répertoriées (sous toutes réserves, « Cahier Hébrard », pp.110 et 142, tiré : « Éléphant au repos », « Gros Éléphant ») : comte Gérard de Ganay (1) – N° INV.2210, en 1911 ; M.David Weill (2) - N° INV.3480, en 1922 ; M. Simon, député (3) - N° INV.3624, en 1923 ; M.Tiffany, à New York, (4) - N° INV. 3678, en 1923 ; M. Pierre Forgeot (5) - N° INV.4029, en 1925 ; M. Chouanard pour M. Phillipar (6) - N° INV.4253, en 1926 ; M. Proullet, à Bordeaux, (7) - N° INV.4361, en 1927 ; M. Lederlin pour M. Buisson (8) – N° INV.4470, en 1927 ; M. Pupier, à Saint-Étienne (10) - N° INV.4681, en 1929 ; comte Lacour de Montalba, à Carcassonne (A.1) - N° INV. 4878 en 1931 ; Galerie A.A Hébrard
(9) N°INV (?), avant 1934.


COLLECTION PERSONNELLE D’EMILE GALLÉ 
Émile Gallé, maître verrier, ébéniste et céramiste français est l’une des figures les plus marquantes des arts appliqués de son époque et l’un des pionniers de l’Art Nouveau. Il fonde l’École de Nancy dont il sera le premier président en 1901. Il est également un précurseur en matière de génétique et d’évolution concernant le monde végétal. À la porte de son atelier de Nancy, on pouvait lire cette devise : « Nos racines sont au fond des bois, parmi les mousses, autour des sources ». 
Les trois oeuvres que nous présentons dans cette vente témoignent de son goût pour la nature au travers des décors mais également de ses recherches dans le travail d’ébénisterie et de verrerie qui feront sa notoriété. Elles figuraient dans sa collection personnelle et furent conservées dans sa descendance depuis quatre générations et présentées ici pour la première fois en vente.

GALLÉ Émile (1846-1904) 
Important coffret en marqueterie d’ébène, citronnier et noyer à fond de marqueterie de plantes aquatiques à motifs d’ornements de bois en applications et courbé à chaud. Entrée de serrure en bronze à motif d’un bombyx aux ailes déployées. Intérieur en loupe, clef d’origine 
Signé. 
Haut. 27 cm – Larg. 35 cm – Prof. 23 cm 
Estimation : 9 000 / 10 000 € 
- Exposition : « Gallé Paris, Musée du Luxembourg du 29 novembre 1985 – 2 février 1986 », Ministère de la Culture, Éditions de la Réunion des musées nationaux, modèle rep. p. 278 sous le n° 163 (ce coffret fut exposé lors de cette exposition) 
- Hist. Coffret offert par Émile Gallé à sa fille (épouse de Lucien Bourgogne), leur fils Jean B., sa fille Noëlle B. (épouse Thoyer). 
Provenance: collection personnelle d’Émile Gallé, resté dans sa descendance 

GALLÉ Émile (1846-1904) 
Coupe circulaire sur double talon d’origine. Epreuve réalisée en verre doublé blanc bleuté et brun à salissures d’oxyde brun intercalaire. Décor de vol de papillons, gravé en camée à l’acide. Corps du vase légèrement repris à la meule à petites facettes et finement ciselé. 
Signée. 
Haut. 8 cm- Diam. 15 cm 
Estimation : 3 000 / 5 000 € 
Provenance: collection personnelle d’Émile Gallé, resté dans sa descendance 

GALLÉ Émile (1846-1904) 
Vase sur piédouche à col et pointes étirées à chaud en forme d’une plante de « Népenthes ». Epreuve réalisée en verre légèrement fumé à décor de crocus gravé à l’acide sur fond d’oxydes intercalaires rouge nuancé brun et bleu. Corps du vase et décor entièrement repris à la meule et finement ciselé. Décor un crocus sous le piédouche gravé et finement ciselé. 
Signé. 
Haut. 23,9 cm 
Estimation : 6 000 / 8 000 € 
Provenance: collection personnelle d’Émile Gallé, resté dans sa descendance