Œuvres et souvenirs d’Henry de Monfreid (1879-1974) provenant de sa famille

Le 8 mars prochain, BEAUSSANT LEFEVRE, assisté des experts Amaury de Louvencourt et Agnès Sevestre-Barbé, dispersera des œuvres et souvenirs d’Henry de Monfreid provenant de sa famille.
 
Ce seront plus de 120 lots qui seront proposés aux enchères, comprenant notamment des objets personnels, des dessins et aquarelles mais également des photographies. Figureront par ailleurs quatre peintures de son père, le peintre et collectionneur George-Daniel de Monfreid, ami de Verlaine, Degas, Segalen, Matisse et surtout connu pour son amitié avec Gauguin dont il va devenir le premier biographe. Cet ensemble très cohérent permettra de mieux comprendre la vie romanesque d’un homme hors du commun dont la quête effrénée de liberté le classe parmi les grands aventuriers du XXème siècle.
 
Henry de Monfreid, une vie de roman
 
"N'ayez jamais peur de la vie, n'ayez jamais peur de l'aventure, faites confiance au hasard, à la chance, à la destinée. Partez, allez conquérir d'autres espaces, d'autres espérances. Le reste vous sera donné de surcroît."
 

Aventurier, artiste, écrivain, Henry de Monfreid 
a eu une existence hors du commun qu'il a façonnée 
grâce à une formidable liberté d'action.
 
George-Daniel de Monfreid, le père d'Henry, est un peintre bohème qui vit entre sa propriété de Saint-Clément (au pied des Pyrénées) et son atelier parisien. Il fréquente les artistes de son temps (Maillol, Gauguin, Matisse, Violet, Ségalen).
 
Henry est élevé dans une famille anti-conformiste. Il passe les premières années de sa vie à la Franqui où il y découvre la Mer. A 7 ans, la séparation de ses parents l'affecte douloureusement et marque son entrée en pension au lycée de Carcassonne.
Adolescent, le jeune Monfreid est révolté, épris de liberté et plus assidu à l'amusement qu'aux études ! En 1900 à 21 ans, il échoue à Centrale et s'installe en ménage avec Lucie Dauvergne qui a déjà un enfant. Réformé du service militaire, il vit pendant dix ans de petits emplois successifs (chauffeur, vendeur, chimiste, laitier).
A 31 ans, Henry tombe gravement malade et part chez son père où il rencontre Armgart, une élève peintre. Sa longue convalescence sera pour lui une véritable prise de conscience et le convaincra de changer de vie.
 
 En 1911, Monfreid a 32 ans lorsqu'il débarque en Abyssinie sur les bords de la Mer Rouge, il est désormais négociant en café et cuirs dans les hauts-plateaux Ethiopiens pour Guignony. Révolté par le mode de vie colonial il se fond aux indigènes, apprend leur langue, se convertit à l’islam et choisi de s’appeler Abd el Haï.
 
Deux ans plus tard, il se marie avec Armgart Freudenfeld.
 
Après l'aventure dans les montagnes du Tchertcher, Henry décide de vivre en mer et de vivre de la mer. Il construit plusieurs bateaux avec lesquels il pratique un commerce risqué (armes, hachisch, perles) dans une zone contrôlée par les anglais en pleine Première Guerre Mondiale. Au temps des grands vapeurs, lui, préfère la marine à voile et s'intègre parfaitement au milieu de la Mer Rouge.
 
Sa rencontre avec Joseph Kessel le pousse à publier ses écrits. Cela fait plus de vingt ans qu'il écrit pour ses proches (journal de bord, abondante correspondance, notes.) Le premier ouvrage "Les secrets de la Mer Rouge" rencontre un succès immédiat. Il écrira au total 75 livres, traduits en plus de 12 langues dont le Russe et le Chinois. 
 
Il s'éteint à 95 ans dans sa maison d'Ingrandes (Berry) après une vie des plus aventureuse.
 
Parmi les pièces phare, on citera deux peintures de son père, George-Daniel de MONFREID (1856-1929), un très bel Autoportrait, signé, daté et dédicacé "A notre chère enfant Armgart...décembre 1909", estimé 20 000 / 30 000 € et un Paysage de Lozère, Vareille août 91, typique de l'Ecole Pont Aven, estimé également 20 000 / 30 000 € (photo ci-dessous)
De nombreuses aquarelles par Henry de Monfreid, exécutées lors de ses voyages, seront présentées à la vente parmi lesquelles une œuvre de 1944 représentant le Kenya, estimée 300 / 400 €, Sur la plage, Mer Rouge, estimée 400 / 500 €, ou bien encore, Toukoul Cotoue, Ethiopie, estimée 500 / 700 €….

La vente comprendra également des objets personnels et souvenirs de l’écrivain tels une ammonite fossilisée, une stèle antique, africaine, une parure de cou en argent indien, sa pipe à opium en bambou avec ses accessoires, une petite poêle en fer dont il se servait dans tous ses voyages, un moulin à café ou bien encore le haut de forme de l’écrivain, porté lors du mariage de sa fille Gisèle avec François Latham à l'église de la Madeleine.