[LA MORLIÈRE (Jacques Rochette de)]. Angola,... - Lot 8 - Beaussant Lefèvre & Associés

Lot 8
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[LA MORLIÈRE (Jacques Rochette de)]. Angola,... - Lot 8 - Beaussant Lefèvre & Associés
[LA MORLIÈRE (Jacques Rochette de)]. Angola, histoire indienne. À Agra [i.e. Paris], « avec privilège du Grand-Mogol », s.n., 1751. 2 tomes en un volume in-12, 25-(1)-169 [dont la seconde blanche]-(1)-(2 dont la seconde blanche)-206-(2) pp., pages de titre imprimées en rouge et noir ; maroquin vert sombre, dos à nerfs cloisonné et fleuronné, triple filet doré encadrant les plats, coupes filetées, dentelle intérieure dorée, tranches dorées sur marbrure (Chambolle-Duru). PREMIÈRE ÉDITION ILLUSTRÉE de ce roman originellement paru en 1746. CUIVRES GRAVÉS D'APRÈS CHARLES EISEN : 5 planches hors texte ; dans le texte, une vignette au titre du premier tome et un bandeau à la Vénus répété une fois. UN CONTE GALANT ORIENTAL, Angola illustre un genre dans lequel Crébillon fils, Caylus ou Cazotte avaient déjà brillé et que Diderot allait bientôt choisir pour ses Bijoux indiscrets. Obéissant à tous les codes du roman libertin, Angola développe une intrigue attachante dans orientalisme de convention, entre galanterie et érotisme, en une narration resserrée à l'élégance badine, pleine d'humour et d'ironie. UN TABLEAU DE MOEURS SARCASTIQUE. De manière transparente, la Cour de Louis XV fournit le cadre voire le sujet du roman. Angola offre le reflet d'une société anxieuse d'être de « bon ton », affectant l'excentricité, la bizarrerie, l'ennui, affichant le dédain du commun et faisant usage d'un langage à part fait de néologismes et tournures à la mode : chez « les acteurs de ce théâtre de galanterie [...] l'ardeur amoureuse trouve sa mesure dans la dérive du langage » (Jacques Guillerme). La Morlière décrit brillamment les lieux fréquentés par cette société, allées des Tuileries où papillonnent petits-maîtres et petites-maîtresses, Opéra où l'on vient voir et se montrer sans écouter, cafés où se mêle un monde interlope. Surtout, il décrit et illustre le libertinage qui avait cours, comme un hédonisme exclusif n'acceptant le sentiment que comme le « sel des plaisirs » - c'est seulement dans sa conclusion, en une simple pirouette, qu'il convoque la notion d'amour sincère. La Morlière pose cependant un regard aigu et sans complaisance sur ce qui s'avère être un autre conformisme, une hantise d'avoir à affronter sa propre inexistence, un étourdissement dissimulant la misère de la condition humaine, où rôdent l'ennui, la laideur, la vieillesse. « Angola demeure comme un spirituel tableau de moeurs, un document railleur sur une classe décadente, qui a poussé l'art de vivre jusqu'à l'imposture et le raffinement jusqu'à l'absurde » (Raymond Trousson). Cité par Rousseau dans Le Persifleur, par Diderot dans Les Bijoux indiscrets, ou par Casanova dans ses Mémoires, Angola connut un succès durable jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, malgré les critiques des hommes de lettres que La Morlière avait attaqués dans ses autres écrits. LA MORLIÈRE, « AVENTURIER DES LETTRES » (Raymond Trousson). Fils d'un conseiller- maître à la Chambre des Comptes du Dauphiné, Jacques Rochette de La Morlière (1719-1785) mena une vie chaotique qui le mena à la déchéance. Après de bonnes études, il fut placé chez un procureur, mais se rendit indésirable par son inconduite (affaires galantes, rixes, duel) et fut éloigné à Paris dans une compagnie de mousquetaires... dont il fut bientôt chassé. Insolent, provocateur, escroc, il fréquentait les tripots, les salles d'armes, les coulisses des théâtres, et les cafés où il se mêlait aux plumitifs de bas étage. Pour survivre, il se fit folliculaire et pamphlétaire, attaquant toutes les célébrités, et écrivit lui-même plusieurs ouvrages dont seul Angola rencontra le succès. Il attira pris dans une affaire de moeurs, il fut exilé à Rouen où il se signala par une escroquerie au mariage et, rentré clandestinement à Paris, fut repris, écroué puis exilé. Revenu à Paris, il se fit chef de cabale au théâtre, vendant ses services aux auteurs dramatiques, organisant claques ou huées : Voltaire lui-même ne dédaigna pas d'avoir recours à ses services. Dans Le Neveu de Rameau, Diderot brosse de lui un portrait peu amène de matamore de comédie au frond très lâche. La Morlière s'essaya lui- même au théâtre mais sans succès et, après un nouveau séjour en prison, il connut une déchéance grandissante, interdit de théâtre, ne parvenant plus à placer ses pamphlets, se faisant vendeur de faux bijoux, entremetteur... Réduit à une existence obscure et crapuleuse pour échapper à la police, il réussit un dernier coup d'éclat en publiant en 1769 un livre qui, grâce à son épître dédicatoire flagorneuse, lui valut l'honneur sans lendemain de souper avec madame Du Barry. Il mourut dans le dernier dénuement. TRÈS BEL EXEMPLAIRE.
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